CFC : comprendre la colonne vertébrale financière d’un projet de construction

Dans le secteur de la construction, la maîtrise des coûts est un enjeu central. Pourtant, les budgets restent souvent perçus comme opaques, techniques, voire labyrinthiques. Chaque projet réunit des postes multiples — acquisition du terrain, études, gros œuvre, second œuvre, équipements techniques, aménagements extérieurs, honoraires, assurances, taxes, financement.
Sans un langage commun ni une structure normalisée, la comparaison des offres devient aléatoire, le suivi budgétaire incertain, et les écarts de coûts difficiles à expliquer.

En Suisse, cette complexité a été résolue depuis plusieurs décennies grâce à une norme devenue incontournable : le CFC – Code des Frais de Construction, élaboré par le CRB (Centre suisse d’études pour la rationalisation de la construction).
Outil universel et rigoureux, le CFC structure et codifie chaque dépense selon une logique claire, hiérarchisée et homogène.
Mais que recouvre réellement cette norme ? Et pourquoi est-elle devenue le pilier de la transparence économique dans la construction suisse ?


1. Le CFC, un langage universel pour la construction

Le Code des Frais de Construction (CFC) est un système de classification standardisé des coûts liés à un projet immobilier.
Chaque dépense est affectée à un poste codé à trois chiffres, parfois subdivisé en décimales pour une précision accrue (ex. 224.3 pour les vitrages de toits plats).

Cette codification repose sur un objectif fondamental : garantir une communication claire et cohérente entre tous les acteurs du projet, du maître d’ouvrage à l’entreprise spécialisée.
Grâce à ce langage commun, un budget devient un document lisible, vérifiable et comparable, quelle que soit la taille du projet ou la nature du maître d’ouvrage (public ou privé).

Le CFC repose sur trois principes :

  1. Uniformité – une même dépense porte le même code dans tous les projets.

  2. Traçabilité – chaque poste peut être suivi du devis à la facture.

  3. Comparabilité – les devis concurrents peuvent être alignés poste par poste, sans interprétation.

En Suisse, tout professionnel sérieux (architecte, économiste, ingénieur, entreprise générale) établit ses budgets et soumissions selon le CFC. C’est une norme reconnue par la SIA et intégrée à la plupart des logiciels de planification et de gestion de projet (Baukosten, Messerli, WinBau, etc.).


2. Une structure hiérarchique claire

Le CFC se compose de six grandes familles de coûts (0 à 5), elles-mêmes subdivisées en groupes, sous-groupes et postes détaillés.
Cette hiérarchie permet de lire un projet à plusieurs niveaux : global, thématique ou analytique.

Structure générale :

 

ChapitreCatégorie principaleExemples de contenu
0. TerrainAcquisition et préparation du foncierAchat du terrain, frais d’actes, taxes, viabilisation, honoraires topographiques, géotechniques et juridiques.
1. Travaux préparatoiresMise en état du siteDéconstruction, terrassements, fouilles, installations de chantier, fondations spéciales, pompages.
2. BâtimentCorps du bâtimentExcavation, maçonnerie, béton armé, charpente, menuiserie, toiture, façades, installations techniques (CVSE), second œuvre et finitions.
3. Équipements d’exploitationInstallations spécifiquesÉquipements industriels, parkings automatisés, cuisines professionnelles, dispositifs de manutention, sécurité.
4. Aménagements extérieursEspaces extérieurs et infrastructures de parcelleVoiries, jardins, réseaux internes, murs de soutènement, clôtures, abris, ouvrages d’art.
5. Frais secondairesCharges globales et annexesConcours, études, autorisations, taxes, assurances, financement, frais de gestion de chantier, TVA, provisions.

 

Exemple détaillé du chapitre 2 – Bâtiment :

CodeDésignationDescription
211Travaux de maçonnerieMurs porteurs, voiles, dalles, cloisons lourdes.
221Fenêtres et portes extérieuresMenuiseries aluminium, PVC, bois, vitrage isolant.
228Protections solairesStores, volets roulants, brise-soleil orientables.
247Installations spécialesPanneaux solaires, abris PC, locaux techniques.
283Faux plafondsOssatures, panneaux acoustiques, éléments démontables.
285Traitement des surfaces intérieuresPeintures, enduits, revêtements muraux.

Cette granularité permet à chaque acteur de contrôler précisément les coûts, d’isoler les variations, et d’établir des comparaisons fiables entre projets.


3. Comment lire et interpréter un CFC

Lire un CFC, c’est comprendre la logique du budget :

  1. Identifier la famille principale – le premier chiffre (ex. 2 = Bâtiment).

  2. Repérer le groupe – le deuxième chiffre (ex. 22x = Gros œuvre 2).

  3. Analyser le poste précis – le troisième chiffre et les décimales (ex. 224.3 = Vitrages de toits plats).

Exemple d’extrait budgétaire :

 
221 Fenêtres et portes extérieuresCHF 120000.224 Couverture et étanchéité → CHF 95000.226 Façades ventiléesCHF 80000.Total 22x Gros œuvre 2CHF 295000.

Chaque poste du CFC devient ainsi une unité de mesure budgétaire.
Cette lisibilité permet aux différents intervenants de :

  • vérifier la cohérence des offres,

  • détecter les écarts anormaux,

  • suivre l’évolution des coûts en phase de chantier,

  • alimenter les comparatifs statistiques (benchmark) internes ou sectoriels.


4. Les bénéfices du CFC selon les acteurs

ActeurApports du CFC
Maître d’ouvrage / ClientTransparence totale sur la répartition des coûts, contrôle de l’évolution budgétaire, meilleure anticipation des aléas.
Architectes et ingénieursOutil de planification et de pilotage précis, intégration directe aux métrés et devis.
Entreprises et sous-traitantsBase commune pour les soumissions, structure claire pour les offres et avenants.
Banques et investisseursLecture uniforme des budgets, fiabilité accrue des analyses financières.
Assureurs et autoritésÉvaluation rigoureuse des valeurs d’ouvrage et des risques.

Le CFC n’est pas qu’un outil technique : il structure la gouvernance économique du projet.
En rendant les coûts objectifs et vérifiables, il réduit les incompréhensions, fluidifie les échanges et limite les litiges.


5. Le CFC dans la pratique : un outil d’anticipation

Utilisé dès les premières esquisses, le CFC permet de :

  • estimer le coût global d’un projet sur la base d’indices moyens (ex. coût/m² par CFC),

  • établir un budget prévisionnel réaliste,

  • affiner progressivement les chiffres à mesure que le projet se précise,

  • comparer les variantes techniques (par ex. type de façade ou système de chauffage),

  • et suivre l’exécution en temps réel grâce à des tableaux de bord financiers codés selon le CFC.

Cette méthodologie permet d’intégrer la dimension financière dès la conception architecturale, et non comme une vérification a posteriori.


6. Le CFC chez Orion EG

Chez Orion EG, le CFC est au cœur de notre approche de rigueur et de transparence.
Chaque offre, devis, estimation ou suivi de projet est structuré selon cette norme.
Nous codons, ventilons et vérifions chaque poste, du terrassement à la dernière couche de peinture.

Nos engagements :

  • Fiabilité : chaque coût est traçable et justifiable.

  • Transparence : le client comprend où va chaque franc investi.

  • Anticipation : nous détectons les dérives avant qu’elles ne deviennent des écarts.

  • Comparabilité : les offres reçues ou les variantes proposées sont toujours comparées poste à poste.

Cette méthode est un outil de confiance entre Orion EG, ses partenaires et ses clients. Elle traduit une conviction : une gestion claire est le fondement d’une construction durable et maîtrisée.


7. Conclusion

Le CFC dépasse la simple comptabilité.
C’est une architecture financière du projet, un langage commun qui relie la technique, la conception et la gestion économique.
Il permet de lire un bâtiment comme une matrice de coûts, de comprendre où se crée la valeur et comment la maîtriser.

En résumé :

Le CFC est à la construction ce que le plan est à l’architecture :
une structure invisible mais essentielle, garantissant l’ordre, la cohérence et la confiance.

Chez Orion EG, nous en faisons une règle d’art et une promesse : construire avec méthode, transparence et durabilité.

 

Liens du site du CRB : https://www.crb.ch/fr/normes-standards/codes-des-couts-de-construction